Oméga 3 et psychiatrie: le rôle des oméga 3 dans la prévention des maladies psychiatriques
Si le rôle bénéfique des oméga 3 dans la prévention et le traitement des maladies cardiovasculaires est clairement établi et surtout très étudié, pour tout ce qui concerne les questions psychiatriques, c’est beaucoup moins le cas. Bien qu’il existe quelques études traitant du sujet, leur efficacité dans les maladies psychiatriques reste encore à prouver. Une démarche bien compliquée quand on sait que les études sur le sujet ont tendance à se contredire.
En 2005 déjà, J.M. Bourre(1) déplorait ce manque de certitude lors d’un tour d’horizon des études réalisées dans six grands domaines psychiatriques : humeur et stress ; toxicomanie, autisme et dyslexie ; dépression ; schizophrénie ; démences ; vieillissement cérébral.
Oméga 3, humeur et stress
Les études concernant le rôle des oméga 3 sur l’humeur sont relativement rares. Le problème est d’autant plus grand que, parmi les quelques études existantes, les conclusions ne sont pas toujours les mêmes : les différentes études qui ont traité ne sont pas d’accord entre elles. Voilà pourquoi il est impossible d’affirmer avec certitude que les oméga 3 ont une incidence sur l’humeur. En revanche, selon J.M. Bourre, les acides gras sont importants pour une bonne hygiène générale de vie(1).
En ce qui concerne le stress, les études ont permis de mettre au point un rapport alimentaire optimal oméga 3/oméga 6 pour parvenir à lutter contre le stress : un rapport égal à ¼, pour les acides alphalinolénique et linoléique. Les DHA (des acides gras de la famille oméga 3) joueraient également un rôle modérateur dans les problèmes d’agressivité des jeunes adultes, alors que les EPA auraient un intérêt dans le traitement des troubles de la personnalité chez les femmes(1).
Oméga 3, la toxicomanie, l’autisme et la dyslexie
Des études ont également montré qu’une carence en acides gras polyinsaturés, dont font partie les oméga 3, pourrait jouer un rôle dans une rechute plus rapide à la cocaïne(1). J.M. Bourre, quant à lui, remarque que, si la toxicomanie entraîne généralement une mauvaise nutrition, il faut encore comprendre dans quelle mesure cela a une incidence sur leur maladie ou comment cela peut intervenir dans l’efficacité du sevrage ou dans l’augmentation des rechutes.
Pour les maladies comme l’autisme et la dyslexie aussi, les oméga 3 joueraient un rôle important. Une étude française a démontré que les enfants autistes souffriraient d’une diminution de 23% du DHA dans les phospholipides plasmatiques alors que l’enfant dyslexique verrait ses symptômes augmenter proportionnellement avec un déficit d’acides gras polyinsaturés(1).
Oméga 3 et dépression
Certains scientifiques associeraient l’augmentation du nombre de dépressions de nos jours avec les modifications de notre alimentation depuis l’industrialisation. Il est reconnu, en effet, que l’alimentation actuelle favorise les oméga 6 au détriment des oméga 3, ce qui entraîne un rapport faussé entre les deux. Et selon certains auteurs, le nombre croissant de dépressions pourrait être lié à ce manque d’oméga 3 et ce surplus d’oméga 6. De plus, cette carence en oméga 3 entraînerait également une faible teneur en DHA dans le lait maternel et augmenterait le risque de dépression post-partum pour la maman(1).
En ce qui concerne les traitements thérapeutiques, des études ont montré que l’EPA (un acide gras de la famille oméga 3) augmenterait l’action des antidépresseurs et serait donc très utile en complément d’un traitement médicamenteux. Le DHA, quant à lui, serait efficace pour les dépressions mineures (même si toutes les études ne sont pas d’accord sur le sujet) mais pas pour les dépressions majeures, du moins pas seul. Enfin, soulignons que l’action des oméga 3 sur la dépression hivernale saisonnière serait également positive(1).
Oméga 3 et schizophrénie
Comprendre l’action des oméga 3 dans une maladie comme la schizophrénie est très compliqué car les études sur le sujet ne sont pas légion et ont tendance à se contredire. Dans certains cas, les oméga 3 ont permis d’améliorer les symptômes de manière intéressante, alors que dans d’autres cas, l’amélioration était modeste voire inexistante. Il est compliqué, du coup, de déterminer dans quelle mesure les oméga 3 seraient bénéfiques pour traiter la schizophrénie. Selon J.M. Bourre, « il pourrait exister des sous-groupes de malades chez lesquels les oméga 3 seraient plus particulièrement concernés »(1).
Oméga 3 et démences
L’action préventive des oméga 3 sur le risque de démence a été démontrée par différentes études. Ces dernières ont permis de déterminer que la consommation de poissons (et surtout des poissons gras sauvages) permettrait de protéger contre les démences, dont Alzheimer(1).
La maladie d’Alzheimer et son rapport avec les oméga 3 ont intéressé pas mal de scientifiques. Ainsi, un laboratoire a constaté qu’un mélange d’ALA et d’acide linoléique permettrait d’améliorer la qualité de vie des personnes atteintes d’Alzheimer. D’autres études ont analysé les facteurs nutritionnels communs entre la démence vasculaire et la maladie d’Alzheimer(1).
Oméga 3 et vieillissement cérébral
J.M. Bourre met en garde contre la complexité des modifications observées lors du vieillissement. En fonction des régions, des structures, des cellules, des organites ou des lipides étudiés, les oméga 3 jouent effectivement un rôle ou n’en jouent aucun. D’une manière générale, les études ont montré le possible intérêt des oméga 3 pour lutter contre les effets du vieillissement(1).
Quelle conclusion tirer de toutes cela ? Tout simplement que, bien qu’encore trop peu nombreuses pour déterminer avec certitude leur rôle dans le domaine de la psychiatrie, les études qui existent ont principalement démontré l’action préventive des oméga 3, et plus particulièrement de ceux présents dans les poissons gras, sur certaines maladies psychiatriques.
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